La nominalisation de la souffrance comme indicateur de genre professionnel - Activité, Connaissance, Transmission, éducation Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2024

La nominalisation de la souffrance comme indicateur de genre professionnel

Résumé

La question de la mort, sa verbalisation jouissent dans l’espace francophone et français d’un renouveau de publications sanitaires (Le Forestier, 2022) et sociétales (Vincent, 2023 ; Despret, 2022). La transformation des représentations sociales s’accélère, même si le thème du mourir est étudié de longue date (Montandon-Binet & Montadon, 1993). Aujourd’hui, cette verbalisation se confronte aux terrains sensibles impliquant la subjectivité des soignants et patients, la subjectivation des proches, la spécificité de situations critiques saisies entre réanimation (Garric, 2021 ; Garric et al., 2023) et introduction de la sédation profonde et continue jusqu’au décès comme modalité française pour en finir avec la vie. On pourrait peut-être se départir de l’idée que la mort (Auriac-Slusarczyk & Lassalas, 2020) n’est pas ce seul impensable freudien pensé par certains cliniciens (Peyrat-Apicella, 2021) et œuvrer à une mise en mot, située, utile (Jeannin, 2019). Les corpus mis à disposition dans le projet Slamor (cf. Partie 1 de l’ouvrage) ouvre la voie à exploiter les paroles des soignants des deux enquêtes (sur le trépas, sur les directives anticipées) pour mieux comprendre ce qui touchent, ce que vivent les soignants, à travers ce qu’ils disent. Ce chapitre propose une fouille des données verbales, de manière originale, c’est-à-dire singulière, sans vocation à une reproductibilité, mais pour tester une hypothèse centrale : il est possible de dégager des propos authentiques une ligne de démarcation selon les services, voire selon les fonctions occupées (infirmiers, médecins, aides-soignants, cadre de santé, voire psychologues) qui contrastent des représentations sous-jacentes aux soins à donner au mourir, potentiellement différentielles. Après une revue sommaire de la littérature d’ancrage de cette étude visant notre problématisation suivie d’une présentation des terrains et sujets enquêtés dont la complétude peut être retrouvée en Partie 1 de cet ouvrage, nous proposons au lecteur nos résultats ; ces derniers permettent de découvrir par extraits de paroles interposées sélectionnées l’illustration de ce qui démarquent effectivement les propos des soignants. Qu’il s’agisse d’une prolixité verbale ou de quelques faits pragmatiques saillants étudiés (déterminants désignant génériquement « la » souffrance ou la particularisant « cette »/« une » souffrance), l’ancrage professionnel transforme les représentations des soignants, marquent leurs discours.
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Lerond Caussin et al. Mourir Les mots pour le dire.pdf (964.57 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-04530947 , version 1 (03-04-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04530947 , version 1

Citer

Emmanuèle Auriac-Slusarczyk, Amélie Lerond-Caussin, Aline Delsart. La nominalisation de la souffrance comme indicateur de genre professionnel. Presses universitaires Blaise Pascal; E. Auriac-Slusarczyk, C. Vincent, & M. Smirdec. Mourir. Les mots pour le dire, In press. ⟨hal-04530947⟩
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