Quel déterminant de l’innovation publique ? Vers le leadership partagé...
Abstract
Comme l’indique Damanpour et Schneider (2006) la dynamique d’innovation est
théoriquement influencée par une diversité de facteurs internes et externes à l’organisation.
En effet, les recherches sur les antécédents de l’innovation considèrent généralement deux
familles principales de facteurs : les facteurs environnementaux ou contextuels, externes aux
collectivités, et les facteurs organisationnels, plus internes eux. Ainsi, l’approche interne,
volontariste, met l’accent sur la nature intentionnelle, rationnelle et planifiée de l’innovation
publique. L’innovation est alors portée par un agent du changement et constitue une réponse
ou un choix stratégique à un problème ou une opportunité organisationnelle. Au contraire,
pour la seconde approche, exogène et déterministe, la dynamique d’innovation est contrainte
par des caractéristiques environnementales de type socioéconomiques et par des pressions
institutionnelles. La pression fiscale, la contrainte financière ou encore le mimétisme entre
organisations publiques ou avec le secteur privé seraient alors explicatifs de l’innovation
publique.
Dans le contexte français, plusieurs études menées, notamment celle de Carassus et al.
(2013), mettent en évidence l’influence prépondérante des facteurs internes sur les facteurs
externes. De manière simplifiée, les contraintes externes, notamment financières, ne suffisent
pas seules à expliquer l’innovation publique. Dans ce cadre, le facteur le plus important dans
le processus d’innovation concerne le leadership, qu’il soit politique, mais aussi, et surtout,
technico-administratif. Les leaders permettraient alors de lever la plupart des freins au
changement existants dans le secteur public, que cela soit en termes d’émergence, de portage
ou de diffusion des innovations. En outre, ces études constatent aussi des formes de processus
d’innovation de plus en plus collaboratifs et ouverts. Ainsi, la conduite des innovations
locales semble reposer de moins en moins sur un leader public unique ou une structure ad
hoc, mais de manière croissante sur des réseaux collaboratifs intra et inter-organisationnels,
comme l’indiquent Crosby et al. (2017). Un leadership partagé apparaît alors nécessaire dans
les organisations publiques, associant à la fois des acteurs internes (techniciens, élus), mais
aussi externes (usagers, citoyens, entreprises, etc.), dans le cadre de démarches itératives,
mêlant processus descendant et ascendant, avec des rôles et responsabilités complémentaires.