Quatuor, Littérature et cinéma (Dossier)
Abstract
Extrait du premier article du numéro: Au commencement étaient la corde et le bois. Rien d'autre. Pas de métal, pas d'électricité. Une corde qui vibre sur une caisse de résonnance en bois, une corde qui vibre avec le bois, une corde frottée par d'autres cordes attachées à un morceau de bois. Que trois, quatre, soixante dispositifs de ce genre se mettent à produire de concert la même vibration et l’on croirait entendre chaque fois un instrument nouveau. Aucun ne change autant de personnalité en se multipliant que le violon et les autres membres de sa famille, hormis peut-être la voix, la voix humaine. Car si les instruments à cordes tiennent à la fois de l'arbre, de l'arc et du cercueil, ce sont des arbres, des arcs, des cercueils qui savent chanter. Au concert, il y a toujours un moment magique. Lorsque les musiciens sont installés, lorsqu'enfin l'écho convenu des bavardages cède la place au silence et que de ce silence naît soudain, toujours différentes de ce que nous les avions imaginées, les premières notes de l'orchestre, les premières notes du quatuor à cordes en particulier, que ces notes nous paraissent encore fragiles, mal dégagées de leur chrysalide de silence ou, au contraire, déjà conquérantes, déjà victorieuses dans leur attaque, nous sommes prêts, nous auditeurs, ne serait-ce que l'espace de cet instant, à croire au miracle de la musique. Personnellement, j'en ai vus, au cours du colloque « Musique et roman » organisé à Bayonne en 2007, qui en avaient les larmes aux yeux. On peut toujours en rire. On