, Livret inédit, consultable à la Bibliothèque-Musée de l'Opéra (cote RES 2161), p.1

. Ibid, , p.2

J. Baltus, «. Solane, and R. Petit,

J. , , p.249

;. Olivier-merlin and L. Monde, mai 1950 (article rédigé à la faveur d'une reprise de Carmen), vol.13

, Loin de cultiver l'esprit de sérieux, Roland Petit s'ingénie à ponctuer son ballet de détails cocasses et de touches parodiques : Escamillo, comme le souligne le chroniqueur Guy Dornand, est une « piquante caricature du toréador 12 », et don José luimême fait les frais d'un traitement irrévérencieux lorsqu'il danse sur la fameuse habanera. Par ailleurs, Roland Petit multiplie les anachronismes en forme de clin d'oeil au public. De même qu'il joue avec les repères spatiaux, de même le chorégraphe n'hésite pas à brouiller les pistes temporelles

L. Torero, qui ressemble à une annonce de pâte dentifrice, a un sourire forcé sur sa face de bellâtre. Toutes les filles sont confondues d'admiration, telles les admiratrices de Frank Sinatra 13

S. Le-texte-de-roland-petit-est-davantage-un-cahier-de-régie and . Qu, un livret destiné à être publié, il n'en recèle pas moins un grand nombre de métaphores et de comparaisons évocatrices. Les « Dames » qui fréquentent le bistrot de Lillas Pastia « transportent des chaises sur leurs têtes avec la même impudence et la même autorité qu'un taureau lève la tête en entrant dans l'arène 14 ». Et un peu plus loin dans la même scène, les danseurs frappent sur « le plancher avec leurs mains à la façon des tribus africaines battant le tam-tam » : ce nouveau court-circuit géographique et culturel traduit bien la volonté du chorégraphe de multiplier les résonances

, Et chez Lillas Pastia, les danseuses exécutent avec une frénésie endiablée un « zapateado sur les pointes ». On ne saurait mieux exprimer que dans cette dernière expression la rencontre de deux univers antagonistes et leur paradoxale fusion, comme si danse académique et flamenco s'épousaient en une singulière étreinte. Sans doute ces effets de contraste sont-ils pour beaucoup dans l'engouement que suscita ce ballet dès sa création, tant à Paris qu'à Londres, puis dans le monde entier. Mais ce succès public ne doit pas masquer les réticences d'une critique pour le moins partagée. Tandis que certains observateurs saluent un mélange de réalisme et de violence dans la droite ligne de la nouvelle parue en 1845, d'autres reprochent à Roland Petit de trop s'éloigner du modèle opératique auquel il emprunte sa musique. Plusieurs commentateurs vont même jusqu'à souligner que cette Carmen dansée doit plus à La Femme et le Pantin de Pierre Louÿs qu'aux oeuvres de Mérimée et Bizet. Mais plus que ces procès en infidélité supposée, on retiendra les attaques portant sur la nature même de l'oeuvre de Roland Petit : loin d'être un ballet, elle relèverait, selon certains, de catégories comme le mimodrame, la pantomime ou le théâtre dansé. La remarque est au demeurant parfaitement justifiée. Mais quel plus bel hommage rendre à un chorégraphe contemporain, en fin de compte, que de reconnaître sa capacité à renouer avec l'art de la gestuelle hérité du traditionnel ballet-pantomime, tout en le modernisant ? Homme de théâtre et virtuose de la scène

G. Dornand, « Carmen new look et une nouvelle recette de L'OEuf à la coque, pp.7-1949

, Livret inédit, op.cit, p.6

. Ibid, , p.2

, Pour se faire une idée du ballet de Roland Petit, deux captations sont facilement accessibles sous forme de DVD

L. Jeune-homme and . Carmen, , 2006.

, Livret inédit, op.cit, p.3

, Simone Dupuis rappelle dans un article de L'Express que Mauriac quitta la salle, choqué par un érotisme aussi débridé (« Quatre gitanes pour un tombeur », L'Express, 10 septembre, 1992.

, Est-ce la peur de rivaliser avec le livret de Meilhac et Halévy qui a rendu si rares les transpositions théâtrales de Carmen ? Ou faut-il parler d'affinités électives, voire exclusives, entre le texte de Mérimée et les genres musicaux ? La question reste ouverte. Pour une Carmen devenue un classique de la chorégraphie du XX e siècle -celle de Roland Petit -, combien de tentatives d'adaptation aujourd'hui oubliées ? Mais qu'importe, en définitive. N'est-ce pas à cela que se mesure la fécondité d'un mythe littéraire ? Malmené ou respecté, galvaudé ou sublimé, trahi, travesti ou régénéré, il traverse les époques en se métamorphosant au gré des modes et des tendances, À l'issue de cette réflexion, il resterait d'ailleurs à se demander pourquoi la nouvelle de Mérimée a tellement attiré les chorégraphes, et si peu inspiré les dramaturges

L. Hélène and . Université,