Voir, entendre au service d'un vivre-écrire dans l'oeuvre de Jacques Ancet - Université de Pau et des Pays de l'Adour Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2011

Voir, entendre au service d'un vivre-écrire dans l'oeuvre de Jacques Ancet

Résumé

Mais nul regard n'est là pour faire de cet instant une totalité déchiffrable et l'intimité des deux corps demeure secrète dans le silence de la chambre. 1 À la lecture et relectures d'Image et récit de l'arbre, on ne manque pas d'être interpellé par cette phrase anodine, qui évoque l'absence du regard, si ce n'est que le sujet de cette « chronique », pour reprendre la terminologie de l'éditeur, est justement « ce regard ». Image et récit de l'arbre est surtout le récit d'un regard qui se construit dans l'image de l'arbre, un poirier, dans le jardin. Qu'est-ce que le regard ? Selon Souriau dans le Dictionnaire d'esthétique, « au sens propre : [le regard est l'] action de diriger les yeux volontairement sur un objet. […] Le regard n'est pas seulement un acte sensoriel, regarder n'est pas seulement voir. L'intelligence, la compréhension, la sensibilité interviennent, ainsi que le jugement, suivant que telle ou telle intention précède le regard ». Le regard est étroitement lié à la subjectivité, il est lié à une intention très nette dans l'oeuvre de Jacques Ancet puisque l'intention s'inscrit dans le récit : « le regard ne réussit pas à » (p. 11), « s'il ne s'obstine pas à » (p. 20), « le regard cherche » (p. 23), qui entre en tension avec une autre intention, l'écriture : or dans ce passage en italique, qui évoque un acte d'amour, ce n'est plus le regard qui est sujet, et acteur de ce qui se passe, puisque le regard, de l'intérieur, est dirigé vers l'arbre à l'extérieur, et que l'acte d'amour s'accomplit à l'intérieur de la maison, sans que l'écriture soit portée par un regard, ou du moins par une vision. Pour cette scène d'amour, « nul regard » donc, nulle intention de voir, et pourtant une intention d'écriture, d'inscrire la beauté de l'action, dans le récit de l'arbre. Ce qui m'intéresse alors est de réfléchir à cette tension entre le regard, comme perception intentionnelle et maîtrisée, et l'écriture ; plus largement, montrer que les perceptions du réel construisent un « voir-entendre », sous contrôle, une description attentive du réel, qui constitue un indice du vivre. L'écriture, elle, ne peut être la restitution juste de perceptions. En effet, on ne peut pas voir, entendre, être une plaque sensorielle et en même temps avoir cette activité réflexive d'écriture, dans la mesure où quand « la perception vient, [le corps] s'efface devant elle et jamais elle ne le saisit en train de percevoir » 2. 1 J. Ancet, Image et récit de l'arbre et des saisons, André Dimanche éditeur, 2002, p. 46. 2 « Si ma main gauche touche ma main droite, et que je veuille soudain, par ma main droite, saisir le travail de ma main gauche en train de toucher, cette réflexion du corps sur lui-même avorte toujours au dernier moment :
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Dates et versions

hal-02094478 , version 1 (09-04-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02094478 , version 1

Citer

Sandrine Bédouret-Larraburu. Voir, entendre au service d'un vivre-écrire dans l'oeuvre de Jacques Ancet. Bédouret-Larraburu, Sandrine; Pouilloux, Jean-Yves. Jacques Ancet ou la voix traversée, L'Atelier du Grand tétras, 2011, 9782911648458. ⟨hal-02094478⟩

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