, Les observations se font de préférence en été : « un long dimanche d'août » sonnet I, « jour de juin », sonnet III, « À l'entrant de l'été », sonnet V, « le ciel de juin », sonnet IX, « un 13 août », sonnet XIV, « le soleil d'août », sonnet XVII, « un premier mai », où il pleut, sonnet XIX. Le seul jour évoqué est le dimanche (sonnet I, sonnet XI, sonnet XV dont la note, je cite, « Encore (cf. sonnet I : ce dimanche, on s'en doute, est antérieur à celui du poème ici le précédant) « souligne la répétition ». Le temps suggéré, dans l'ensemble du corpus est donc un temps de vacance, où l'événement peut advenir, être mémorisé et sublimé par l'écriture. Le sujet de l'écriture peut alors se construire : -par l'évocation de petits tableaux parisiens, anodins : « Une amoureuse à la grande poste du Louvre / Pousse fébrilement sa lettre dans la boîte, Ici l'événement est lié à la sensation d'une expérience et se fait mémoire de cette sensation. Aussi le leitmotiv du banc, poste d'observation parcourt le corpus : « Assis sur un banc vert » (sonnet II « Le square de Louvois, vol.15

. Le, au sein d'une même forme tantôt à la 1 ere personne (« je pourrais / Lire, penser, rêver ») tantôt à la seconde (« sonnet V Fin de partie » « Tu restitues ses livres », sonnet X « Tu t'assieds sur un banc ») et l'unité du vécu, du perçu se mêle à la rêverie toponymique (sonnet XIII « On a posé le billot », sonnet XIV « On soupçonne la rue Bezout

. L'espace-perçu, Le sujet poétique se construit dans cet espace rythmique, où les sonnets résonnent entre eux : le sonnet V renvoie au I 16

. Le,

. Ph, . Marty, and . Le, , p.405

, On peut penser que Roubaud évoque le 4 e arrondissement et les différents lieux de morts de cet arrondissement : 16 renvoi de notes par l'auteur

, sonnet III « C'était un jour de juin sans complicati-on ». 18 évocation de l'eau dans les deux poèmes. 19 par les tickets. comémoire elle avait les timbres les échos Castor et Pollux des rimes, vol.5, p.22

, du sonnet conçu comme une forme toujours renouvelée dans ces XX poèmes : ce sont le jeu des assonances des allitérations de l'intertextualité 23 , d'échos d'un poème à l'autre qui font le rythme du poème. Ce n'est donc pas le rythme du sonnet que l'on écoute c'est le rythme des sonnets qui marque l'histoire d'un sujet à travers ses multiples réalisations, Timbres et échos font la musicalité du poème

, L'unité du recueil se fait donc autour de la forme sonnet, non pas en tant que forme fixe, fixée, rigide mais en tant que forme signifiante qui permet l'accomplissement d'un sujet au cours de ses réalisations essentiellement acoustiques

, Il y a plusieurs actualisations de la forme, qui est par excellence une forme-mémoire : cette forme mémoire c'est celle d'un rythme qui permet l'avènement d'un sujet poétique qui se construit au fil de la commémoration de souvenirs attachés à un espace vécu. Autant dire qu'il s'agit d'une forme vivante que Roubaud transgresse parce qu'il est plus facile de changer en douceur et avec humour une forme même sacralisée par l'Institution, Ainsi nous avons voulu montrer qu'il n'y avait pas une forme fixe du sonnet chez Roubaud, qu'elle soit métrique, syntaxique, strophique ou sémantique

J. Roubaud, Dors, précédé de Dire la poésie, Gallimard, 1981.