, par ce procédé de répétition au sein du poème, de manière à rendre compte du mouvement universel ; en ce sens, nous pouvons dire que les poèmes de « Morale élémentaire I » sont du rythme

, Elle est nombre parce qu'elle est du discontinu, elle est rythme parce qu'elle organise le discours dans un mouvement : la répétition ne fige pas la morale dans l'aporie ou le truisme. La répétition apporte d'autres éléments ; la parole est modifiée par le discours qui s'organise, et en ce sens crée une historicité, dans le refus d'une temporalité. Le sujet des 51 poèmes se modifie également sous le joug de ces répétitions qui ne tiennent pas du même ; ce n'est pas le même qui se répète, Ainsi la répétition au sein des bimots est elle aussi signifiante

L. Nombre and . Raymond, Mais le nombre 51 c'est le symbole d'une pensée de la globalité, de l'ordre. Il est signifiant car il ordonne les poèmes les uns par rapport aux autres comme combinaisons d'éléments. La structure formelle des poèmes, un interlude encadré de bimots entérine ce souci de l'ordre, du discontinu, du formel : et pourtant nous avons vu que ce n'est pas le poème qui est l'unité signifiante mais l'ensemble des poèmes pris dans le mouvement héraclitéen du même et du différent. La métrique introduit alors du continu, parce que l'identité numérique n'a de sens que par rapport à un ensemble d'identités 21 . La métrique est signifiante d'un poème à l'autre ; elle construit le temps, l'espace, le sujet hors de l'instant, hors du lieu, hors d'un « je » énonciatif. De la même manière, la répétition dans le bimot, d'un poème à l'autre, ce qui mériterait d'être étudié avec précision, ne cherche qu'à mettre en lumière des mutations, qui n'ont lieu que par l'alchimie de l'écriture. La répétition n'est pas l'apologie du rigide, du figé ; bien au contraire, la répétition altère les éléments, le sujet de l'écriture et donc de la lecture, Queneau est donc signifiant à plusieurs titres. Il permet l'émergence d'un sujet poétique dans une harmonie universelle inscrite dans un perpétuel mouvement, un constant devenir. Le nombre « 51 » a suscité de nombreux commentaires, inscrits dans une intertextualité littéraire, philosophique, arithmosophique

, Mais ces fragments se répondent les uns aux autres, et les transformations que l'on peut lire à l'intérieur d'un poème peuvent être étendues : les poèmes se répondent les uns aux autres et s'ordonnent dans un jeu de couleurs et de rimes. Le corps se disloque en ses éléments épars, le ciel se décompose en ses différents éléments, de même que l'eau et la terre : en ce sens, il s'agit de morales élémentaires

, qui changent de caractérisation, p 620, « les sommeils, les réveils, les journées », p 632, ce sont les fleurs, « les roses et les violettes, vol.624, 1966.

, ERULI (Brunella), « Pour une morale élémentaire, Verdier, 1982. OULIPO, Atlas de littérature potentielle, Gallimard, 1981. QUENEAU (Raymond), OEuvres Complètes, édition Gallimard, coll. La Pléiade, 1989. Articles : DEBON (Claude), « Notice à Morale élémentaire, 1966.