Pour une autre histoire des parlements au XVIIIe siècle: discours et représentations, une culture française du politique
Résumé
Avant que la Révolution française n’engage l’historien vers des impératifs d’opinion au lieu de présenter des états de services d’une simple érudition sans néanmoins ignorer les « présupposés intellectuels » de toute recherche, l’histoire politique des parlements de l’Ancien Régime a mobilisé de semblables positionnements ; ils sont demeurés plus implicites qu’explicites, plus sourds sans doute car situés en amont de la naissance des idéologies et en aval d’une très longue histoire : celle de la monarchie française. Hantés par les origines, les contemporains qui ont vécu et pensé l’avant 1789, n’ont pas cessé d’être dans l’obscurité d’une éventuelle alternative (entre le pouvoir du prince et celui de la magistrature) avant d’être projetés dans une lumière parfois très aveuglante pour ceux qui estimaient « sortir » trop tôt, trop vite, et/ou qui avaient beaucoup à perdre du changement. Le torrent de la Révolution a emporté ces cours souveraines qui vivaient dans l’antinomie permanente d’être à la fois justice et politique. Si la justice allait de soi, la politique était depuis les origines l’objet d’âpres querelles qui avaient pour enjeu de dénouer un écheveau complexe entre les « prétentions » législatives des magistrats et l’absolutisme des rois de France. (...)